Impacts du teletravail sur l’immobilier commercial… et votre vie !
Étant une adepte du télétravail depuis des années, employée mobile, consultante, et même «outsourced in-house counsel», je suis très intéressée par tout ce qui touche aux répercussions du travail à distance sur la société, qu’il s’agisse de nos habitudes de vie, de la gestion d’entreprise ou de l’environnement.
De plus, en tant que membre du Projet Justicia du Barreau du Québec, je participe à une réflexion sur l’impact du télétravail sur la profession d’avocats et, plus particulièrement, sur la rétention et l’avancement des avocates en pratique privée. En effet, grâce à la technologie, le télétravail fait maintenant partie de notre vie et joue un rôle majeur dans la conciliation travail/vie personnelle.
Cependant, la question du télétravail m’interpelle également en tant que professionnelle de l’immobilier commercial. Face aux opportunités toujours grandissantes, pour les travailleurs, de travailler selon leurs heures et à différents endroits, on ne peut s’empêcher de se demander quel est l’impact de cette flexibilité sur l’aménagement des bureaux, tant en ce qui concerne leur configuration, que la superficie requise. Va-t-on assister à une réduction draconienne de la dimension des locaux loués par les entreprises de services ? (Voir cet article, sur l’efficience, en matière d’occupation d’espace).
Le télétravail fait déjà partie des défis auxquels font face les propriétaires de tours de bureaux, les gestionnaires immobiliers, les planificateurs d’occupation, les architectes, les designers et, bien sûr, les courtiers et les avocats impliqués dans des transactions de location et la gestion des baux. En effet, la mobilité de la main d’œuvre « nomade » doit se refléter dans une flexibilité au niveau (i) de l’aménagement des locaux (par exemple : aire ouverte, cloisons mobiles, concept d’« hotelling », comme ici, ou ici), (ii) du temps (par exemple : options de résiliation et options de renouvellement), et (iii) de la superficie louée (droits d’expansion ou de préemption, et option de réduction des lieux loués).
J’ai répertorié pour vous plusieurs autres articles et documents intéressants à ce sujet, divisés en 10 catégories.
1. Voici un article qui porte sur l’impact du télétravail sur le CRE (Commercial Real Estate, i.e. l’immobilier commercial), et la gestion des entreprises en général.
@SocialCRE: Service Delivery & Outsourcing: Strategic Alignment of the External Resource Network http://t.co/2E4tiPIX #cre #outsourcing
Les points saillants de cet article sont les suivants :
– Mondialement, sur 3 milliards de travailleurs, 26% travaillent à distance au moins 2 jours par semaine.
– L’impartition de services (en anglais, « outsourcing », parfois appelée externalisation), est en hausse, et le rôle des consultants est de plus en plus un rôle stratégique.
– On s’attend à ce que le télétravail augmente de plus de 40% au cours des 5 prochaines années.
– Les politiques corporatives traditionnelles sont remises en cause par le télétravail. Et la notion de télétravail elle-même est en voie d’être supplantée par la notion de « présence » au travail, physique ou virtuelle.
– Les stratégies de télétravail, qui ont d’abord été un défi pour les gens d’immobilier, font maintenant partie intégrante de la stratégie corporative globale des entreprises. Les spécialistes de l’immobilier ne sont plus là seulement pour aider à contrôler les coûts d’occupation, mais pour agir comme « Work Experience Enabler », ceux qui aident les entreprises à offrir une « expérience au travail » qui soit la plus efficace, la plus flexible, la plus variée et la plus attirante possible, pour permettre aux entreprises de recruter et de retenir les meilleurs employés.
2. Sur ce site, Transports Canada dresse le portrait du télétravail au Canada et décrit quels sont les avantages et les défis posés par le télétravail. On y aborde le cas de Calgary, qui encourage le télétravail, de même que…Nortel (sans commentaires).
Cet article (intitulé « Information Technologies Advance Federal Sustainability ») fournit quelques exemples de l’impulsion donnée au télétravail par les autorités fédérales américaines.
3. Ce tableau (intitulé « Specific Technology Strategies at a Glance »), contient des exemples concrets de politiques de télétravail mises en place par des grandes sociétés. Deloitte est également à l’avant-garde de cette tendance, avec le concept de « Workplace of Tomorrow ».
4. Ce blogue fait état de la reconnaissance de la nouvelle réalité du télétravail dans tous les milieux, dont celui des relations publiques.
Je vous réfère plus particulièrement à la portion qui parle de la migration vers des effectifs mobiles : « Migration to a mobile workforce », que je reproduis ici (mais l’emphase est la mienne) :
« A MORE MOBILE WORKFORCE (AND BY MOBILE, I REALLY MEAN REMOTE)
PR firms are quickly embracing the fact that both men and women alike may have non-negotiable personal obligations and responsibilities that mean they will have less face time in the office. Thanks to the proliferation (and the IT department’s acceptance) of file-sharing services on the cloud, video-teleconferencing, Skype, webcasting, etc., staff are truly able to perform their duties anytime and almost anywhere. As long as firms are willing to bet on talent over tradition, they will be able to attract and retain high performers by embracing this migration to a more mobile workforce. »
5. Je vous réfère également à cette vidéo de Mme Sandra Neill, designer et associée de Lemay et Associés et membre active de l’organisme CREW Montréal (Commercial Real Estate Women Network), qui a accordé une entrevue au Canal Argent sur les tendances en matière d’aménagement d’espaces de bureaux.
6. Pour un exemple concret (et montréalais) de bureaux partagés, aménagés pour répondre aux besoins des travailleurs mobiles, qu’ils soient entrepreneurs, travailleurs autonomes ou consultants, regardez du côté du concept Communoloft et de sa présidente, Mme Nathalie Voland, récipiendaire du prix Excellence de CREW Montréal en 2011.
Voir aussi cet article : « Coworking trend connects solo professionals in communal spaces ».
7. Le sujet peut aussi être abordé du point de vue du travail à domicile : « The Future of Working from Home ». Vous aimerez la photo…non, je ne travaille pas comme ça!
8. Ou sous l’angle de la « libération des travailleurs » : « Unleashing workers is going to lead to drastic changes in how we work ».
9. Ou encore, sous l’angle de la protection de l’environnement, par la réduction de la pollution et de la consommation d’énergie : « Une étude atteste des bienfaits du télétravail pour l’environnement », avec une statistique frappante : 1 j/semaine en télétravail = 3,2 milliards de litres d’essence en moins par an.
Mais ça se discute, comme on peut le constater en lisant cet article, intitulé « Télétravail et shopping en ligne mauvais pour l’environnement ».
10. Et la liste continue, car c’est réellement un sujet chaud. En effet, alors que je rédigeais ce billet, j’ai reçu les Tweets suivants :
@SocialCRE: Workplace: Shifting Work Styles Are Creating Shifts in Where We Work http://t.co/eWxFDkWW #work #cre
@TravlJunkette: Does this surprise you? The #Geography of Americans Who Work From Home http://t.co/Xje6951T via @Richard_Florida @atlanticcities #careers
@thelawyermatt: Which UK firm squeezes the most revenue per square foot out of its lawyers? See the way your market’s going
Cette citation, tirée de ce dernier Tweet, montre bien le lien entre rentabilité et superficie au sol occupée par les avocats (eh oui, les services juridiques sont bel et bien une business!) :
« (…) the shifting balance towards a more equal gender workforce is also leading to more consideration of work-life balance.
The debate over work-life balance and efficient operating procedures coupled with embracing modern technology means many lawyers are able to work remotely, connected by high-quality IT links,” says Stallard. “This has a direct impact on the size and layout of offices required. The rapidly changing business environment means firms increasingly require greater lease flexibility, including the ability to offload surplus accommodation. With capital a scarce commodity and a desire to minimise establishment costs per fee-earner, a fundamental rethink on the way offices are used is taking place. »
Et vous, comment le télétravail vous affecte-t-il ? Pensez-vous que votre organisation est en mode « ignorance », « déni » ou « résistance » de la vieille garde, ou est-elle prête à faire face à la nouvelle réalité de la main d’œuvre mobile ? Merci de répondre via la section « commentaires ».
PS : Pour ceux qui ont lu mon billet du 21 septembre 2012 sur l’affaire Le Bifthèque, il y a eu inscription en appel le 5 octobre 2012.