Le marketing juridique est-il trop conservateur?
Voici la nouvelle publicité de Samsung pour son téléphone Galaxy S II. La société koréenne (ou plutôt sa filiale américaine) s’attaque très clairement aux groupies d’Apple qui attendent en file pendant des heures pour la venue du prochain téléphone provenant directement de la Californie (ou plutôt de la Chine). Jetez-y un coup d’oeil:
C’est une bonne pub; Samsung est un challenger qui, réalisant qu’il y a un joueur dominant dans le marché, s’y attaque en critiquant un phémonène social qui s’est développé autour de la marque Apple. La fameuse pomme n’apparaît nulle part, mais je n’aime pas énormément qu’on ait montré le iPhone pour comparer les écrans. C’est sans doute une certaine forme de protectionnisme nord-américain en moi qui s’exprime…
On fait surtout ce type de publicité comparative aux États-Unis dans le monde des technologies et de la restauration rapide puisqu’il y a des joueurs clairement dominants. L’industrie juridique canadienne, elle, est beaucoup plus fragmentée, ce qui rend ce type de stratégie quasi-inutile, sans compter les restrictions déontologiques et de droit de la concurrence qui s’imposent.
Cependant, je trouve que le marketing juridique a parfois tendance à être un brin conservateur. Aucun cabinet important ne veut prendre de gros risques, ce qui est tout à fait compréhensible étant donné les enjeux importants. Or, il n’y a pas énormément de facteurs de différenciation dans l’industrie juridique, ce qui fait que certains cabinets gagneraient à être moins conservateurs et à tenter d’innover davantage. Ceci n’est pas seulement vrai en matière de publicité, mais aussi en matière de prix, de moyens de communication utilisés, de relations publiques, de façon de rendre les services juridiques, etc.
J’imagine que ça va changer avec les années. S’ils veulent s’adapter aux temps qui changent, j’ai bien l’impression que de plus en plus de cabinets canadiens seront dirigés par des gestionnaires plutôt que par des juristes – remarquez que les deux ne sont pas mutuellement exclusifs, bien que ceux qui excellent dans les deux domaines sont plutôt rares.
Personnellement, je crois que le contexte économique dans lequel nous évoluons actuellement pourrait avoir comme effet d’accélérer les choses, alors que les entreprises restent assises sur beaucoup d’argent liquide et veulent encore gonfler leurs réserves. Ça veut donc dire qu’il faut faire baisser les coûts davantage et que les budget de services juridiques externes risquent d’écoper quelque peu. Les marges de profits des cabinets pourraient donc baisser, ce qui risque d’entraîner des changements dans l’industrie à moyen terme… J’en ferai probablement le sujet d’un prochain billet, car le sujet est très intéressant.