Un meilleur salaire donne-t-il un meilleur résultat?
Tout d’abord, je vous demande de regarder le vidéo ci-dessous. Il est fantastique et on y expose les résultats d’études faites aux États-Unis pour déterminer si un salaire supérieur ou un bonus stimule vraiment un employé à donner de meilleures performances.
Vers 5:10, le narrateur mentionne que ces études ont démontré qu’une fois que le salaire d’un employé qui effectue des tâches complexes est assez élevé pour que l’argent ne soit plus un problème, trois facteurs sont déterminants pour augmenter son niveau de performance: son autonomie, sa maîtrise d’un domaine et sa raison d’être (purpose).
Commençons en se disant les vraies choses: la qualité de la performance d’un(e) juriste est souvent bien difficile à évaluer, surtout en droit des affaires. En fait, la performance d’un(e) jeune juriste en pratique privée est habituellement directement liée au nombre d’heures travaillées facturées. Cependant, la facturation pure n’est pas un gage de qualité d’une performance. Or, il s’agit de celle la plus utilisée dans le marché, alors je m’y colle. Autre problème potentiel: certains pourraient argumenter que le travail de rodage de jeunes avocats consiste beaucoup en des tâches de base tel que mentionné en début de vidéo, ce qui voudrait dire qu’une récompense financière serait amplement suffisante pour garder les jeunes «performants» les premières années. Sachez que je suis conscient de ces problématiques, mais étant donné que la vaste majorité de notre travail consiste à effectuer des tâches assez complexes et qu’on veut garder nos jeunes plus de deux ans, j’ai décidé de ne pas m’arrêter à ça. Sauf pour ce paragraphe que vous venez de lire.
Revenons aux trois aspects. L’autonomie, d’abord. Je me demande si le cadre d’un bureau de juristes permet vraiment d’être autonome. Après tout, la profession de juriste en étant une de services, nous ne sommes jamais vraiment autonomes puisque nous sommes toujours redevables envers nos clients. Peut-être est-ce ce qui embête les jeunes de nos jours?
Le deuxième aspect, soit le désir de maîtriser un domaine, me permet de mieux comprendre le taux de rétention dans certains groupes. En effet, si je pense à mes amis qui sont toujours dans des grands cabinets, chacun d’entre eux désire devenir parmi les meilleurs dans un domaine bien pointu. Qu’on parle de propriété intellectuelle, de concurrence, de fiscalité ou de projets éoliens, les gens de mon entourage qui poussent leur expertise plus loin sont en général plus heureux dans leur environnement de travail.
Enfin, et c’est probablement la question qui tracasse le plus les jeunes, quelle est la raison d’être de votre cabinet? Ce n’est pas toujours évident de répondre à cette question, surtout si «rendre des services juridiques de qualité» n’est pas une réponse acceptée.
Ces raisons d’être expliquent le succès d’une panoplie d’entreprises, surtout récemment dans le domaine des technologies. Il serait donc intéressant qu’on s’y arrête quelque peu dans le monde juridique afin de nous aider à motiver nos troupes…