Le service juridique est-il une commodité?

Hier après-midi, je m’affairais à préparer une formation qui aura lieu la semaine prochaine. Mes préparatifs m’ont amené à me questionner sur les facteurs de différenciation durables qui existent dans l’univers juridique. Y en a-t-il vraiment? En d’autres mots, le service juridique est-il une commodité?

Une commodité est sommairement définie comme étant un produit ou service qui est interchangeable avec un autre du même type. Selon vous, quelle portion du travail juridique que vous effectuez en une année est une commodité?

Voici ma vision: il n’existe aucune tâche qui peut être effectuée uniquement par un seul juriste au Canada. Aucune. Vous avez beau être un(e) avocat(e) de litige fiscal extraordinairement habile, il y a au moins 30 autres spécialistes prêt(e)s à intervenir dans tout dossier à votre place. Le résultat sera peut-être supérieur en utilisant les services d’un(e) avocat(e) plutôt qu’un(e) autre, mais les clients sont-ils vraiment en mesure de comparer?

Je dois avouer que cette question me tracasse, surtout à long terme. Je m’explique: quand on ne peut pas différencier entre deux produits, le seul facteur de différenciation, c’est le prix. On respecte donc à la lettre le principe de l’offre et de la demande. L’offre juridique étant astronomique, les prix devraient éventuellement tendre vers la baisse. Cette baisse de prix devrait à son tour faire baisser l’offre, ce qui veut nécessairement dire moins de juristes à court ou moyen terme.

À plus long terme, étant donné le contexte mondial dans lequel nous évoluons, ce seront de plus en plus d’étrangers qui feront concurrence aux bureaux d’ici, mais en évoluant dans une structure de coûts qui puisse être soit beaucoup plus onéreuse (pas si inquiétant) ou beaucoup moins (plus inquiétant). Ceci pourrait vouloir dire que si les prix baissent, les joueurs canadiens pourraient avoir plus de difficulté à tirer leur épingle du jeu face à la compétition étrangère.

À l’heure actuelle, des entreprises commes Pangea3, achetée par Thomson Reuters en 2010, nous permettent d’envoyer du travail de base à l’étranger pour le faire exécuter par des travailleurs qui coûtent moins cher. C’est bien à court terme puisque nos clients économisent de l’argent, mais il faut garder en tête que ce faisant, nous entraînons des étrangers à faire notre travail à moindre coût. Ce type de travail ne reviendra pas au Canada et ce n’est qu’une question de temps avant que cette entreprise devienne plus gourmande…

Bien entendu, ce n’est pas demain qu’une avocate membre du Barreau du Québec débarquera de l’avion à Baie-Comeau pour plaider une injonction avant de rentrer chez elle à Bombay, mais sait-on jamais.

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